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l'ia peut-elle se tromper ?

Orientation scolaire : l’IA peut-elle se tromper ?

Co-Fondatrice d’Eurêka Study

Delphine de Guillebon Coach Orientation Scolaire Paris 16° 75016

Delphine de Guillebon

L’orientation scolaire connaît une révolution silencieuse : l’émergence de plateformes tout numériques, promettant aux lycéens un accompagnement gratuit, instantané et “personnalisé”, grâce à l’intelligence artificielle. Ces outils attirent, intriguent, séduisent… mais sont-ils réellement à la hauteur des enjeux d’orientation que vivent les jeunes ? Faut-il s’en méfier ou s’en inspirer ? Et surtout, que valent ces modèles face à un accompagnement humain ?

Des outils accessibles, ludiques… et efficaces ?

On ne peut nier les qualités de ces plateformes numériques :

  • Disponibilité 24h/24, interface fluide, formats courts et interactifs.

  • Approche ludique, souvent gamifiée, qui plaît à la génération Z.

  • Gratuité pour les élèves, ce qui en fait un outil de démocratisation intéressant.

  • Automatisation de certaines tâches : informations sur Parcoursup, tests de personnalité, matching avec des écoles, etc.

Elles permettent à de nombreux jeunes de faire un premier pas vers l’exploration de soi et des métiers. Pour des établissements scolaires ou des collectivités locales, ces solutions apportent une réponse à grande échelle, rapide à déployer.

Un modèle économique biaisé : la gratuité qui coûte cher

La majorité de ces plateformes fonctionne selon un modèle « freemium inversé » : elles sont gratuites pour les élèves, mais se financent en revendant les données des utilisateurs à des écoles partenaires. Autrement dit, le jeune devient un lead commercial, mis en relation avec des établissements  capables de payer pour recevoir des profils ciblés.

Cela soulève des risques éthiques majeurs :

Conflit d’intérêt structurel : les recommandations faites sont-elles sincèrement fondées sur l’intérêt du jeune, ou influencées par les partenariats commerciaux de la plateforme ?

Ciblage marketing : l’orientation devient un entonnoir de conversion. Le jeune est “accompagné”… jusqu’à ce qu’il clique sur “Demander une brochure”.

Biais de représentation : les formations publiques, les parcours sélectifs, les voies universitaires ou techniques sont souvent absents ou moins valorisés. L’offre est biaisée vers les écoles payantes et postbac.

Collecte de données sensibles : derrière des interfaces ludiques se cachent des systèmes sophistiqués de captation d’intention, rarement compris par les jeunes.

Même si ces plateformes mettent en avant leur conformité RGPD, la transparence sur l’usage des données et la neutralité du conseil posent question. Ce modèle économique, rentable pour les plateformes et certains établissement du supérieur, interroge la place du conseil désintéressé dans une démarche d’orientation.

Tous les tests ne se valent pas

De nombreuses plateformes d’orientation s’appuient sur des “tests de personnalité” ou des “profils d’intérêt” pour suggérer des métiers ou des formations. Mais dans la majorité des cas, ces tests ne sont ni validés scientifiquement, ni correctement étalonnés sur la population des adolescents. Résultat : ils produisent des profils stéréotypés, avec des recommandations peu fiables, voire fantaisistes.

À l’inverse, les vrais tests psychométriques, comme le Big Five ou le RIASEC lorsqu’ils sont construits et interprétés selon des normes scientifiques, permettent de dégager des pistes solides et nuancées. Encore faut-il qu’ils soient administrés dans de bonnes conditions, étalonnés sur la bonne classe d’âge (avec un échantillon significatif) et interprétés par des professionnels formés. Là encore, l’humain reste irremplaçable pour faire parler les résultats de manière fine et utile.

L’intelligence artificielle peut-elle faire du conseil sur mesure ?

L’IA utilisée dans ces plateformes joue le rôle de facilitateur : elle peut analyser des profils, suggérer des métiers, trier des informations, et adapter son discours. Mais elle ne remplace pas un vrai conseiller. Pourquoi ?

Parce qu’un bon accompagnement en orientation ne se résume pas à du matching algorithmique. L’IA, aussi performante soit-elle, reproduit des modèles passés. Elle prédit ce qui est probable, pas ce qui est souhaitable, singulier ou audacieux. Elle ne capte pas les non-dits, ne détecte pas les contradictions internes, ne propose pas de chemin de traverse, ou les parcours innovants. Elle ne tisse pas de lien, ne crée pas la confiance, ne répare pas l’estime de soi, ne lit pas entre les lignes.

Ce glissement vers des modèles d’orientation automatisés pose une autre question essentielle : veut-on que nos enfants soient orientés, ou qu’ils apprennent à s’orienter eux-mêmes ? Cette distinction, fondatrice dans toute démarche éducative, est explorée dans notre article “Être orienté ou s’orienter ?”.

Pourquoi l’accompagnement humain reste irremplaçable

L’orientation est une démarche émotionnelle autant que rationnelle. Ce n’est pas seulement choisir une formation, c’est se projeter dans un avenir possible, se reconnecter à ses désirs, dépasser ses peurs, comprendre ses blocages.

Un accompagnement humain permet de :

  • Faire émerger des motivations profondes.

  • Interpréter les paradoxes ou les freins personnels.

  • Construire un projet cohérent et réaliste dans un cadre bienveillant.

  • Aider les jeunes à formuler leurs propres choix, pas à se conformer à un modèle dominant.

C’est là que le rôle du conseiller prend toute sa valeur : être un catalyseur de réflexion pour aider le jeune à trouver son propre chemin de réussite, pas un prescripteur de solutions.

 

Vers une complémentarité raisonnée ?

Faut-il pour autant rejeter les outils numériques ? Non. Bien utilisés, ils peuvent :

  • Être un point de départ de la réflexion.

  • Nourrir la curiosité du jeune.

  • Aider le conseiller à gagner du temps sur les aspects techniques (cartographie des formations, suggestions de parcours, analyse de profils).

L’avenir de l’orientation ne se joue donc pas dans une opposition humain/IA, mais dans une complémentarité intelligente, où l’humain garde la main sur le sens, et le numérique optimise l’accès à l’information.

En résumé

Ce que le numérique fait bien Ce que seul l’humain peut faire
Informer rapidement et massivement Créer une relation de confiance
Proposer un 1er niveau de diagnostic Faire émerger des désirs singuliers
Automatiser les recommandations Accompagner les cas complexes
Collecter et trier des données Interpréter les signaux faibles
Faciliter la curiosité Redonner confiance, remettre du sens

 

Le numérique peut éclairer.

L’IA peut orienter.

Mais seul un humain peut véritablement accompagner.

Dans un monde saturé d’informations et de choix, ce qui manque aux jeunes, ce n’est pas un chatbot, mais un regard humain, bienveillant et compétent, pour faire émerger ce qui les rend uniques — et les aider à construire leur propre chemin de réussite.

 

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Ne laissez pas le hasard décider pour vous. Prenez le contrôle de votre Orientation.

Delphine de Guillebon Coach Orientation Scolaire Paris 16° 75016

Delphine de Guillebon

Consultante en Orientation Scolaire
Cofondatrice d’Eurêka Study
Cabinet d’orientation à Paris 16° & Consultation OnLine

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